Stéphane Ménigot

Une série pour mieux connaître ceux et celles qui oeuvrent aux productions de PPS Danse.

Stephane MenigotStéphane Ménigot /  concepteur d’éclairage pour Le Trésor

Quelle est votre façon de travailler ?

Selon les projets danse, théâtre, musique, tournage télé ou musée, l’approche est légèrement différente. Pour la danse, je vais rencontrer le ou la chorégraphe, parler de divers sujets, afin d’établir un vocabulaire visuel commun, sentir sa sensibilité. Ensuite viennent les premières répétitions, je m’imprègne tel une éponge… Puis en parlant du projet en cours, sentir chez l’artiste les envies de teintes ou d’espaces, le rythme de la pièce, les influences.

Suite à cela, je peins la lumière avec des logiciels spécialisés et une tablette graphique, je prends le temps de réagir aux multiples inspirations accumulées… puis vient les rendus 3D qui permettent d’avoir une idée plus réaliste des possibilités. Cela finit par un plan d’éclairage et un devis technique intégrant les différents besoins techniques et artistiques.

Quels sont les directives de départ qui vous sont données ?

En général des notions de sensibilité. Des images, peintures, musiques, positions permettent de définir un « squelette », un univers général qui se transformera en chair, rythmes, intensités et couleurs au fur et à mesure qu’avance la production. Certains chorégraphes vont parler de positions sur la scène, d’autres davantage de références picturales ou musicales, d’autres me laissent libre de choisir. J’aime qu’une complicité artistique s’établisse. L’art scénique reste pour moi un art collectif.

Est-ce que votre travail se fait par étapes, en concordance avec les autres concepteurs ?

Oui tout à fait, J’adore voir les costumes, leurs couleurs et textures. Ils aident à représenter l’univers de la pièce. La scénographie ou les accessoires permettent de sentir aussi l’âme artistique du projet, de sentir les espaces à créer, la surface à éclairer. La musique peut représenter la gestuelle sonore de la pièce. J’avance donc par étapes, en cueillant ici et là les émotions.

Faites-vous plusieurs scénarios avant de proposer et de fixer vos idées ?

Oui souvent et surtout au début, pour comprendre quel univers préfère l’artiste, comment pourraient se sentir les interprètes dans la lumière. Au départ d’une réflexion créative, tout est important, même les idées étranges peuvent amener à la proposition finale. L’espace de réflexion en début de conception doit être vaste et libre pour moi… Après viennent les réalités auxquelles il faut savoir s’adapter.

Est-il important pour vous d’assister aux répétitions pour ajuster votre travail au fur et à mesure ?

Oui c’est primordial. Dans un premier temps pour saisir la façon dont communique le chorégraphe ou metteur en scène, pour lire l’ambiance générale, créer une complicité avec les interprètes. Tous ces éléments m’aident à sentir l’espace dans lequel ils seront bien (j’aime voir la lumière comme un habit). Les répétitions permettent aussi de noter les zones qui nécessiteront un traitement particulier. En temps que concepteur d’éclairages, je serais un spectateur « averti », donc comprendre la sensibilité de la production m’aide à construire le tout par la suite.

Qu’est-ce qui, pour vous, fait la différence dans votre travail pour le jeune public et le public adulte ?

Le choix des couleurs peut être parfois plus saturé. La dynamique du rythme. On peut pousser un peu plus la poésie des ambiances, s’écarter du réalisme et jouer davantage avec les accessoires lumineux comme si la lumière appartenait davantage aux interprètes.

Est-ce que vous retrouvez votre âme d’enfant en travaillant pour le jeune public ?

C’est souvent un moment magique. De jeunes âmes qui s’émerveillent et qui sentent que des adultes peuvent aussi s’émerveiller. Pour les premières, je reste concentré sur la lumière mais j’adore revenir aux dernières représentations et prendre le temps d’observer discrètement le jeune public (ou moins jeune). Je m’installe au premier rang dans un coin et j’observe à quel point les publics s’émerveillent et se laisse porter dans l’imaginaire créé par le spectacle. Dans ces moments, j’avoue que mes « protections professionnelles » tombent. Il ne reste que la sensibilité que j’avais enfant…