Pierre-Paul Savoie
Une série pour mieux connaître ceux et celles qui oeuvrent aux productions de PPS Danse.
Pierre-Paul Savoie, concepteur et chorégraphe pour Le Trésor
Votre lieu de naissance ?
Maria, Gaspésie.
Quelle est votre façon de travailler ?
Ma façon de travailler est simple. Je démarre mon processus par une recherche sur un thème précis. Pour Le Trésor, ça a été l’écoute de compilations de chansons québécoises pour enfants et une sélection de quelques-unes sur lesquelles se sont ébauchés les premiers tableaux, une première structure du spectacle. Je passe de la période de recherche conceptuelle à recherche en studio.
Aviez-vous l’idée de spectacle Le Trésor en tête depuis longtemps ?
Pour Le Trésor, j’avais envie de travailler le thème de l’imagination, j’avais envie de travailler avec une marionnette, qui est finalement devenue un chat. J’ai la capacité de travailler plusieurs productions simultanément. Par exemple, une production en cours ne m’empêche pas de développer parallèlement la conception d’un autre projet de création. Je peux voguer d’un univers à l’autre, passer du jeune au grand public. Ça a été le cas avec Le Trésor, puisque dans la même période avait lieu la conception du spectacle Attractions, coproduite avec Sacré Tympan.
Comment décririez-vous votre processus de création pour un nouveau spectacle ?
Le processus s’amorce d’abord par une réflexion sur les médiums artistiques que je souhaite faire se rencontrer. Dans le cas de Le Trésor, ce fut la danse, la chanson, la marionnette, les ombres et l’illustration. Ensuite vient l’angle à privilégier, dans le cas présent, l’imaginaire intarissable des enfants. Vient le moment des répétitions : la présence, la physicalité et l’implication des danseurs sont mis à profit pour chacun des tableaux qui prennent forme. Un flux constant d’aller-retour entre eux et moi s’installe. À un moment entre dans le processus la dramaturge Lise Vaillancourt qui questionne le sens du travail, commentent nos choix. Lorsque plusieurs des tableaux sont créés dans une première version, j’invite les collaborateurs de répétition, de scénographie et d’éclairage à se joindre au processus et à alimenter de leur vision l’œuvre en devenir. J’aime énormément le travail d’équipe où chacun peut s’exprimer librement. La responsabilité me revient de trancher lorsque nécessaire. Le travail en résidence, en salle, est essentiel pour arriver à une intégration des formes d’art en présence et à une œuvre aboutie. Après la première représentation, l’œuvre est raffinée tout au long de sa vie.
Comment choisissez-vous vos collaborateurs ?
Comme je suis intéressé à croître artistiquement, la rencontre avec les collaborateurs est essentielle pour rencontrer cet objectif. Je les choisis pour la qualité de leur travaux antérieurs, leur ouverture d’esprit et leur capacité à travail en équipe. Par un dialogue stimulant je leur laisse la liberté d’exposer leur vision et ainsi contribuer à forger une vision commune ou chaque individu y trouve sa place, son compte. J’aime souvent travailler avec les mêmes concepteurs puisqu’avec le temps, la vision commune passe à de nouveaux stades de collaboration.
Faites-vous plusieurs scénarios avant de fixer vos idées ?
Oui je fais plusieurs scénarios avant d’arriver à une version qui nous amène à la création de l’œuvre et à la rencontre avec le public. Après quoi, le recul apporte des réponses aux questions qui étaient demeurées en suspens et qui demandent des éclaircissements. Cela implique parfois des changements d’ordre dans les tableaux, des coupures, l’approfondissement d’une idée ou des intentions. Tout cela a des implications sur le rythme du spectacle et aussi sur le travail des collaborateurs et des interprètes. Dans les faits, mes idées ne se fixent que rarement. Pendant toute la vie d’une œuvre, incluant les
reprises, j’avance dans un flux constant vers la lumière.
Croyez-vous que des résidences de création sont un ingrédient indispensable dans le processus de création d’un spectacle ?
Les résidences sont importantes pour le processus menant à la création d’une œuvre. Elles offrent l’occasion d’avoir un espace approprié pour voir l’œuvre apparaitre, une vue d’ensemble et un recul. Elles sont importantes pour intensifier les étapes de création et permettre l’inclusion des collaborateurs (scénographe, éclairagiste, sonorisateur, costumière). Elles demeurent très pertinentes aussi après à la première de l’oeuvre lorsque des ajustements sont nécessaires.